Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Balthasar s’attaque au grand bazar

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2252 3 mai 2024

Une initiative parlementaire du conseiller national vert Balthasar Glättli demande la création d’une autorité chargée de déterminer le caractère vrai ou faux des arguments utilisés dans les campagnes et les publicités politiques. Il s’agirait, selon l’auteur de l’initiative, d’une sorte de «contrôle de la qualité du débat public». La Commission des institutions politiques du Conseil national recommande de ne pas y donner suite, mais la presse bruisse déjà d’échos empathiques et la proposition ressurgira tôt ou tard.

Espère-t-on réduire ainsi au silence les discours complotistes? Pense-t-on vraiment que les individus indociles qui expriment une défiance viscérale à l’égard de l’officialité accorderont la moindre crédibilité à cette ébauche de Ministère de la Vérité? Il est à craindre, au contraire, que ceux qui croient aux fake news, réelles ou supposées, y croiront deux fois plus fort lorsque ces dernières auront été invalidées par une poignée d’experts fédéraux. Ceux-ci, dans les faits, ne s’adresseront qu’aux masses déjà convaincues que ce que l’officialité considère comme vrai est vrai, et que ce que l’officialité considère comme faux est faux. La nouvelle autorité dénoncera certainement les inquiétantes statistiques sur la hausse de la criminalité étrangère, qui propagent la peur et suscitent des comportements
irrationnels
. Mais osera-t-elle pointer du doigt les inquiétantes statistiques sur les dérèglements climatiques?

On a déjà une petite idée de ce dont sont capables les instruments de fact-checking, puisque les principaux réseaux sociaux en utilisent depuis au moins huit ans. Des algorithmes soupçonneux dissèquent désormais chaque publication, ce qui se traduit par des mises en garde sévères et insistantes autour de tout ce qui a trait de près ou de loin à la Russie, par exemple. Aucune alarme ne retentit, en revanche, lorsque Facebook est envahi de fausses informations grossières, illustrées de photomontages sommaires, annonçant l’arrestation mouvementée de présentateurs de télévision, le décès tragique de sportifs célèbres ou les révélations sensationnelles et involontaires de tel ou tel conseiller fédéral. Aucun détail n’est jamais fourni, le but étant d’attirer les lecteurs crédules sur des plateformes informatiques douteuses. Ce sont ainsi des centaines de publications ouvertement mensongères que l’utilisateur consciencieux va signaler aux services de M. Zuckerberg… avant de recevoir quelques jours plus tard une réponse invariablement identique déclarant que la publication dénoncée n’a pas été supprimée car «nous avons déterminé qu’elle n’enfreint pas nos règles publicitaires»!

Pour distinguer le vrai du faux, fiez-vous à votre intelligence, et méfiez-vous du patron de Facebook et de l’ex-patron des Verts suisses.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: